Le jour ou je me suis demande ce que je faisais la
Un voyage a quelque chose d'intime, d'inénarrable... Rien de pire après un long voyage que la fatidique question: "Aloooooors ? Raconte !!!"
En réalité il a tant a raconter et en même temps rien de plus fastidieux quand la parenthèse est fermée. Bien sur il ne nous pèsera pas de lâcher quelques anecdotes hors contexte, mais faire le récit exhaustif de notre aventure est une torture. Vous nous en voudrez de lâcher parfois un laconique "C'était bien !" après presque un mois d'absence, et pourtant que dire d'autre sans trahir la substantielle moelle de ce voyage mobile ET immobile. Je vais donc tenter le difficile exercice d'en rapporter quelques brèves qui donneront la couleur générale de cette échappée pas toujours belle.
Quand j'ai pose le pied a Rangoon j'ai immédiatement détesté l'endroit et n'ai eu de cesse de quitter la ville pour fuir la moiteur, l'effervescence et la pression qui empêchait mon esprit de profiter du dépaysement. Je me suis demande ce que je foutais la, seule, dans une ville qui me me stressait plus que tout ce que je venais de quitter a Paris. J'ai repense a Bombay a cet instant, ou le choc avait été tel a l'arrivée que si je n'avais pas partage ce moment avec Blandine, je serais restée une journée entière a pleurer dans ma chambre d'hôtel. En arrivant dans celle de Rangoon, je me suis écroulée a 20 h sur mon lit dont les draps sentaient un peu le moisi et je me suis endormie sans même dîner. Je me suis évidemment réveillée a 4h, en proie a une énorme insomnie et la gorge serrée d'angoisse a l'idee de passer cette première journée dans cette ville ou cerise sur le gateau il s'etait mis a tomber des cordes.
J'ai donc visite Rangoon sous la pluie. C'est etonnant comme les premiers jours de mes voyages se ressemblent, j'ai toujours le sentiment de passer mon temps a etre la proie d' arnaqueurs de tout poil, le fait d'etre seule decuplant ce sentiment desagreable du fait de n'avoir personne avec qui le partager. Evidemment quand on voyage dans des pays ou il est impossible de se fondre dans la population locale, on est immediatement repéré. Et c'est la que commencent les désagréments...
On m'avait dit (et j'avais lu) que la population birmane était on ne peut plus honnete mais j'ai eu la preuve du contraire pendant 24h. Je ne m'attarderai pas sur les chauffeurs de taxi, profession qui regroupe par tradition nombre de filous, menteurs et autres tricheurs et qui ce jour la m'ont propose deux courses identiques a 5 tarifs differents, mais sur un aspect inedit de malhonnêteté en Asie que j'ai étrenné ce jour la. Apres la visite de la paya Shwedagon sous la pluie, site incontournable s'il en est, qui regroupe un nombre de pagodes etincelantes et eblouissantes au metre carre, j'ai décidé de me sustenter dans une petite echope a quelques metres de la.
Je mangeais juchée sur un tabouret en plastique vert un bol de nouilles agrementees de cacahuètes pilées et de sauce brunâtre (bonnes par ailleurs). Au moment de payer, la femme qui avait melange la mixture sa main, me tend ses cinq doigts vers le ciel pour me signifier le prix. Betement je lui donne 5 billets de 1000 kyatts (env 5 euros) tout en m'etonnant de payer plus cher pour un en cas dans la rue que chez mon traiteur chinois de Paris. Plus tard j'ai réalisé qu'elle voulait dire 500 K (0.50 euros) mais devant ma meprise, elle n'avait pas bronche.
Une arnaque de ce genre ne représente certes pas grand chose, mais ma premiere journee fut une avalanche de désagréments de ce genre et dans un pays ou il n'y a pas la possibilite de retirer de l'argent et ou il faut faire avec la somme qu'on a apporte, on commence a flipper de ne pas avoir suffisamment d'argent pour aller decemment jusqu'au bout du voyage.
La journee s'est finie plus joyeusement puisque j'ai retrouve Nicolas, mon voisin d'avion de 23 ans pour diner et le fait de lui raconter mes petits malheurs m'a permis d'y mettre un peu de distance. Le premier jour s'achevait, le plus dur etait derriere moi. Du moins c'est ce que je croyais...