Le jour ou je me suis foutu un coup de pied au cul...

Publié le par Maxine

 

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Avais-je mal lu mon guide sur le myanmar ou n'etait-ce marque nulle part ? A Inle, la temperature du matin frole a cette epoque un petit 8 degres, et je n'avais prevu que tee-shirts a manches courtes et gilet de coton, la loose totale. Heureusement Geli m'avait depannee d'un petit blouson dans une matiere technique chaude et confortable. Ils ont beau se defendre de cette reputation qui leur colle a la peau, les allemands sont mechamment pragmatiques.

 

Ces considerations pratiques et vestimentaires satisfaites, il me fallait trouver quelqu'un avec qui partager un taxi a la descente de l'avion car, et ca c'etait marque dans le guide, la course s'elevait a 30 euros et ce genre de depense greve mechamment un budget. Mais apres avoir passe en revue les gens qui m'accompagnaient sur ce vol, je realisais qu'il faisaient tous partie d'un groupe. Soudain j'apercus un type d'une petite soixantaine d'annees qui poireautait pres de ses bagages, j'aurais parie qu'il etait francais. Bingo ! Le type semblait vexe que j'ai pu le demasquer si vite mais retrouva le sourire lorsque je lui dis qu'entre congénères du meme pays il etait normal de se reconnaitre. Je lui exposai alors ma requete, ce a quoi il repondit qu'il voyageait avec guide et chauffeur prive mais qu'il ne pensait pas que ca poserait de probleme majeur et sur ces entrefaits appela sa femme pour l'informer que je me joignais a eux. Son epouse ne m'accueillit pas avec le meme enthousiasme et me jaugea sans sourire. Je m'excusai aupres d'elle et lui expliquai ce qui m'amenait a squatter leur voiture, elle ne tarda pas a rire de mes plaisanteries et fut ravie je crois, que je me souvienne de son prenom et pas de celui de son mari. Ce fut interessant de passer cette petite heure avec eux et je reconnus que lorsqu'on peut se le permettre, voyager comme ils le  faisaient devait permettre de passer a cote de moins de choses immanquables culturellement mais completement a cote de l'aspect humain de l'aventure.

 

Ils me laisserent a l'entree du villagede Nyaungshwe, endroit ou se trouvaient toutes les petites auberges bon marche des environs. Lorsque j'arrivais a l'endroit que j'avais reserve, de nouveau une angoisse pernitieuse vint etreindre ma poitrine comme une araignee tisserait sa toile lentement mais surement. La chambre etait glacee, sombre, humide et je n'eus meme pas le courage de me doucher. Comme a ma sale habitude, je me dis qu'une petite sieste d'une heure me ferait du bien mais quand l'heure ecoulee je ne trouvai pas le courage de me hisser hors du lit, je reconnus que j'etais en train d'entreprendre une fuite par le sommeil en bonne et due forme. Mais pour eviter d'affronter quoi ? L'endroit avait l'air plus paisible que Bagan, les habitants plutot souriants, et j'etais dans un coin plein de petits restos sympas, alors ? Malgre l'attraction des draps sur mon cerveau, je puisai en moi les derniers ressorts de courage planques tout au fond et je m'extirpai du lit. Je pris une douche et sortis enfin me promener, a 14h30...

Je marchai sans but ni raison, comme ivre d'avoir la possibilite de faire exactement ce que j'avais envie de faire et sans parvenir a definir ce que c'etait... Comme un prisonnier trop longtemps enferme, j'etais incapable de jouir de cette liberte.

Je m'arretais manger un riz saute aux legumes dans une gargotte pres de l'hotel, je parlais avec la patronne qui me proposa de faire une journee de visite du lac sur un bateau, ce qui en soi etait prevu, mais que j'avais envie de faire avec les filles. Je reservais donc pour le surlendemain.

Plus tard, je marchais ver le canal et traversai un coin du village que je trouvai particulierement charmant. L'hotel sur lequel j'avais jete mon devolu en premier lieu mais que je n'avais jamais reussi a joindre, se dressait devant moi parmi les fleurs roses et les palmiers. Je demandais a visiter, c'etait juste exactement ce que je cherchais : Un endroit paisible ou j'ai plaisir a bouquiner dans un cadre joli a regarder. Certes les chambres etaient plus cheres mais je m'en fichais, j'avais envie d'etre la, meme si la patronne avait l'air d'une venale femme d'affaires, je demenagerais le lendemain, l'affaire etait faite.


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J'appelai les filles a Bagan, j'eus Angelica que j'informai de mon demenagement. Je l'invitai vivement a reserver une chambre des que Gabi serait rentree, lui disant que je trouvais l'endroit magique. Ensuite j'allais louer une barque a moteur (et son conducteur) et me mis en tete d'aller voir le coucher de soleil sur le lac. Lorsque le bateau amarra, il n'etait que 16h30, et a la hauteur du soleil dans le ciel, je sus que ce n'etait pas pour tout de suite. Pour la premiere fois depuis mon arrivee j'etais seule, vraiment seule si on considere que le conducteur ne parlait pas un mot d'anglais. Je mis mon Ipod dans mes oreilles et mon cerveau se mit en route. En l'espace d'une heure je passai par tous les etats, la colere, la tristesse, la joie, la peur et l'apaisement. Je realisai que c'etait ce moment finalement que j'avais peur d'affronter, un moment solitaire ou je n'aurais d'autre choix que celui d'affronter mes demons. L'annee passee se rejouait sous mes yeux mais je la voyais comme spectatrice et non plus comme actrice. J'avais eu une annee eprouvante c'est vrai, mais personne n'etait mort, je n'avais pas eu de veritables problemes de sante, j'etais meme parvenue a arreter les anti-depresseurs.

 

Le soleil avait commence sa descente vers l'horizon et je me mis a prier comme ca, sur ma barque a l'autre bout du monde. J'ai fait le voeu de trouver la force de me detacher a l'avenir de ce qui me faisait mal, d'arreter de patauger dans l'indecision et le ressentiment, d' etre capable d'assumer si mon projet de maternite tombait a l'eau....et enfin j'ai fait le voeu que ELLE arrete de dire des conneries dans son special Astro annuel (2009 et 2010 devaient etre des annees feeriques, j'attends toujours le boulot en or, le baroudeur amoureux et les rentrees d'argent)

Quand l'astre de feu eut rejoint les montagnes, j'ai pleure. J'ignore si c'etait la beaute du spectacle, la musique parfaite a cet instant precis (White Horse-Scott Matthiew), le fait d'avoir enfin la sensation d'etre en paix avec moi-meme ou les trois a la fois. Toujours est il que dans les jours qui ont suivi, je n'ai plus ete angoissee a l'idee d'etre seule et j'ai meme apprecie de l'etre... parfois.



Publié dans Carnets de voyage

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M
<br /> <br /> Très beau. Etre seule est un bon moyen de se ressourcer. Je crois que tu avais besoin après cette année de fou.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Ca c'est certain....<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> c'est fou comme il faut parfois aller bien loin pour se trouver soi-même...<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> C'est en etant conffrontee a des situations de solitude et de mal aise absolu que la force de vie devient plus forte.<br /> <br /> <br />  Face a soi meme on ne peut pas mentir, a bas les masques...je suis heureuse que tu te sois retrouvee!<br /> <br /> <br /> <br />
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H
<br /> <br /> ouahhhhhhhouuuuuuu c'est bon de te lire si sereine... l'endroit a l'air magique. As tu penser a prendre des photos du coucher de soleil ;-).<br /> <br /> <br /> Juste une question pourquoi l'entente entre les filles n'est plus parfaite?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> C'est un tel bonheur de lire tes mots et de sentir que tu traverses ce que j'ai traversé il y a quelques années... Bon voyage la louve.. Dans tous les sens et dans tous tes sens...<br /> <br /> <br />
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