I'm a very bad person...

Publié le par Maxine

 

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Je déteste le rôle de patron, et pourtant c'est une fonction que je suis obligée d'endosser puisque j'ai recours à une personne tous les quinze jours pour faire un brin de ménage chez moi.

Oui j'avoue c'est un petit luxe que je m'octroie sans rougir, car si je me fous de faire la vaisselle, passer l'aspirateur ou même repasser, je déteste plus que tout passer la serpillière... Je suis "serpillophobique": Cette espèce de truc sans couleur définie ramassant sur son passage miettes et cheveux me rend malade, j'en vomirais presque... D'ailleurs quand je nettoie moi même les sols, je le fais à l'éponge.

Toujours est-il que depuis plus d'un an, ce sont deux hommes qui l'un après l'autre sont venus plier mes petites culottes et dépoussiérer mes étagères. Ce qui je l'avoue me procurait un certain plaisir... c'est mon petit côté féministe.

Le premier, Ray a toujours bien travaillé mais le jour où il est tombé sur mon joujou sexuel dans mon lit, il a cessé de me regarder dans les yeux. Je me souviens précisément du moment où il a commencé à s'activer dans ma chambre pour la ranger alors que je faisais la vaisselle (chose que je mets un point d'honneur à ne jamais leur laisser) et que j'ai eu le flash de ma petite partie solitaire du matin.

" Merde ! " ai-je articulé muettement les mains dans l'eau savonneuse. Je suis allée dans ma chambre et là j'ai vu que Ray l'avait remis soigneusement dans sa housse, sur ma table de nuit. Grand moment de gène pour lui comme pour moi, et dés lors une relation réduite à sa plus stricte nécessité: "Bonjour" quand on se croisait mais le plus souvent une note sur la table du séjour accompagnée de sa paye.

 

Et puis il y a trois ou quatre mois Ray m'a présenté Jun, son soit-disant cousin, pour le remplacer, je pense plutôt d'ailleurs qu'entre philippins ils se refilent les plans et se prétendent tous cousins pour rassurer leurs employeurs.

Jun était beau garçon, à 45 ans il en faisait 28 à tout casser et avait un avantage certain comparé à Ray, il parlait parfaitement anglais.

Je trouvais qu'il ne faisait pas le ménage de façon aussi appliquée que son prédécesseur mais je m'en accommodais. De toute façon je m'arrangeais toujours pour ne pas être à la maison quand il venait (je ne trouvais pas ça pratique) donc je n'avais jamais l'occasion de lui montrer ce sur quoi il fallait insister.

J'avais remarqué depuis son arrivée, qu'il prenait parfois une pomme par ci, un yaourt par là, sans en être tout à fait sûre (je ne tiens pas le journal de ma consommation alimentaire  journalière).

Ce jour-là, je remarque qu'il a ouvert une bouteille de Coca.

Je n'aime pas le Coca, je le réserve pour mes invités. Ce qui me contrarie, outre le fait qu'il se serve sans mon consentement c'est qu'il ouvre cette bouteille pour un verre, et que d'ici deux jours elle sera bonne à jeter, puisque privée de bulles.

Je lui envoie donc un petit texto qui dit à peu près ceci en anglais:

"Jun, vous savez que je vous apprécie, mais j'aimerais que vous ne vous serviez pas dans mon frigo, vous avez ouvert une bouteille de coca toute neuve, la prochaine fois, ça serait bien que vous la remplaciez."

Erreur fatale !

La réponse ne tarde pas à arriver.

"Comment pouvez-vous refuser à vos employés de boire s'ils ont vraiment soif ? Jamais un employeur ne m'a refusé de boire . Mais c'est promis je ne toucherai plus JAMAIS à votre frigo."

Personnellement quand j'ai soif je bois de l'eau, et je ne me sers pas chez les gens sauf s'ils me le proposent.

" Arrêtez d'essayer de me culpabiliser, Jun. Ce n'est pas parce que je vous dis ça que je suis une mauvaise personne. "

Silence radio.

 

Je dois dire qu'après ça, j'ai quand même interrogé bon nombre de mes amis et connaissances pour savoir si j'agissais comme une "salope de riche" en imposant ce genre de règles (Ah ! fucking self-estime). La réponse a toujous été la même : sans l'y avoir invité, Jun n'avait pas à se servir dans mon frigo en mon absence.

Quelques jours plus tard je m'enquiers de savoir quel jour il pense venir. Il se montre assez évasif. Comme il est supposé venir jeudi et que c'est la grève, je lui propose de venir vendredi s'il ne peut pas jeudi. Il me répond (toujours par texto) qu'il me dira jeudi matin s'il est en mesure de prendre le métro pour venir.

 

Jeudi 11h pas de message, pas de Jun.

Je lui envoie un nouveau message, il me répond:

"Je viens demain..."

Je lui réponds qu'il était censé me prévenir dans la matinée et là il s'énerve.

"Comment voulez vous que je vous prévienne, je suis encore dans la rue et demande ce qu'il en est de la grève à mes amis !!! Si ça ne vous va pas, cherchez quelqu'un d'autre pour faire le boulot ! "

Je finis par l'appeler. Je lui dis que je sens une réelle tension depuis cette histoire de coca et qu'il serait bon qu'on règle ça calmement, que pour moi c'est une question de principe, que je me fous de la bouteille de coca mais pas qu'ils se serve sans demander. Il devient hystérique me dit que je suis "a very bad person", pire "a monster" et qu'il n'a jamais eu d'employeur pire que moi (impact non négligeable dans mon fort de délégué du personnel CGT). Je réponds que dans ce cas, il est peut-être mieux en effet de stopper notre collaboration.

Plus tard je lui envoie un texto pour qu'il rende les clés à son cousin qui me les donnera.

Il répond

"Don't forget to give what you owe me, asshole. 6 euros to be exact..." (Je n'avais pas de monnaie, la dernière fois que je lui avais laissé l'argent)

J'ai envie de lui répondre que je ne paie pas les gens pour qu'ils m'insultent, de lui demander si je peux déduire tout ce qu'il a pris dans mon frigo, mais je me retiens malgré la rage qui monte en moi. Alors j'écris :

"Are you on drugs or completely insane to insult me this way for a story of bottle of coke ! "

"YOU are on drugs, bitch ! "

"Wow you must have big mental troubles, I feel sorry for you Jun..."

 

L'échange continue quelques minutes sur le même ton. J'ignore pourquoi je persiste à essayer de lui faire entendre raison, à lui démontrer que si je pose mes règles ce n'est pas pour l'humilier.

Toujours est-il que même si je pense avoir raison sur le fond du problème, la petite bo-bo tiraillée entre ses convictions de gauche et son goût non négligeable pour les petits luxes et les belles choses se prend un sacré coup dans la tronche. Être dans la peau du patron inhumain qui interdit à son homme de ménage de se désaltérer pendant son dur labeur, c'est violent pour mon égo.

 

De toutes façons, j'aurais beau lui envoyer quinze mille messages pour lui expliquer que c'est "a matter of principle", lui ne retiendrait qu'une chose, c'est que je ne suis qu'une vilaine radine qui exploite la misère du monde.

Et tous mes amis auraient beau me dire que je n'ai pas à accepter qu'on se serve chez moi, et que je n'ai pas spécialement mal agi, je passerais quand même une journée de merde.

 

D'ailleurs je passe globalement une journée de merde... Les gens ne se rendent pas compte, mais des fois c'est dur d'être une bobo !

 

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Publié dans Humeur

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O
<br /> <br /> Les forfaits SMS sont une perte de temps.<br /> <br /> <br /> Hank Moody a dit : "texts are for faggots."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Alors de 1 ... t'avais raison de lui dire de ne pas se servir ... de 2 tu n'avais pas à continuer la discussion...<br /> <br /> <br /> Je ne comprends pas sa réaction... purée il va pas trouver rapidement du boulot celui là :o((<br /> <br /> <br /> Moi j'ai une femme de ménage portugaise... j'en ai eu quelques unes mais je dois dire que jusqu'à présent les portugais restent les meilleurs...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Ah ouais sacré toupet quand même... le mec il se sert chez quelqu'un sans que personne l'y invite, et en plus il se permet de l'insulter! On rêve là!<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Et la connerie de la fille en face qui paye quand même les 6 euros qu'elle doit à ce blaireau, ça aussi ça fait rêver, non ?<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> J'ai tellement ri en lisant ton post !<br /> <br /> <br /> Alors je te rassure, ce Jun est un fou furieux qui n'a pas peur de ne pas récupèrer ses 6 euros... parce que crois moi, n'importe qui d'autre que toi, ne lui<br /> donnerait surement pas son argent après avoir été insulté ! ;)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Mais tu me connais ma chérie, je lui ai rendu via son cousin parce que je ne voulais pas me mettre à son niveau de grossièreté bien que je brûlais de lui dire: "You know what ? You can put your<br /> money deeply in your ass ! " Mais je n'étais pas sûre que ça se dise comme ça en anglais ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> <br /> ses textos sont incroyables ! mais pas dans le bon sens... je trouvais que l'histoire commençait bien.... je me suis décomposée au fur et à mesure !<br /> <br /> <br /> Je suis certaine que tu seras ravissante avec ton éponge (moi aussi j'ai eu cette technique !)<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Son cousin Ray s'est proposé de revenir et j'avoue qu'il s'est tellement appliqué que j'ai bien senti qu'il essayait de se faire pardonner de m'avoir envoyé un dingue... Je ne suis pas encore<br /> condamnée à l'éponge ad vitam.... ;-)<br /> <br /> <br /> <br />