Mes infortunes sur la toile (ou ma nouvelle vie sans Facebook) 2/2
C'est étrange internet, c'est un peu comme le monde anonyme, le métro par exemple, on n'est pas à l'abris de tomber sur un mec désaxé ou énervé par sa journée, ou par sa vie en général et dont la violence accumulée va vous tomber sur le coin du nez parce que vous avez eu le malheur de vous trouver là, au mauvais moment.
C'est un peu ce qui s'est passé...
Il y a une quinzaine de jours, Garance m'envoya un sms pour m'informer que le débat continuait sur un article de moi, d'un autre blog auquel je participe, et dont elle avait partagé le lien quelques semaines auparavant sur son mur Facebook. J'étais au boulot, la journée était plutôt calme, j'allai donc voir ça de plus près. Dans le fil de la conversation étaient présents Garance, bien sûr, Aline, une de nos copines communes, Pio, un des nombreux contacts de Garance avec lequel j'avais déjà échangé et qui était assez drôle et JP un ex amant d'Aline.
En général notre grand jeu à Garance, Aline et moi c'était de pourrir le mur les unes des autres de plein de commentaires plus débiles les uns que les autres qui déviaient inévitablement sur un sujet : le cul. Aucune de nous trois n'était épargnée en terme de vannes mais ce n'était jamais méchant.
Ce jour là n'échappa pas à la règle. En tout 222 commentaires decoulèrent d'un postulat de départ de Garance, un clip accompagné de la mention "So horny" (qui pour ceux qui seraient hermétiques à l'anglais signifie : trop chaude).
Dans le fil de la conversation, Aline avait laché quelques morceaux d'anthologie qui relevaient presque plus d'un témoignage extrait d'un talkshow, que de boutades dignes de figurer sur un mur facebook, mais connaissant un peu le personnage et son goût pour la provocation, je l'avais raillée de tant d'étalage puisque tour à tour on apprenait sa liaison passée avec JP, une semaine 100% sexe avec un gaillard roux et sa soit-disant frigidité, le tout se contredisant d'un post à l'autre. A la fin de la conversation, Garance se félicita de la teneur absurde et du nombre hallucinant des interventions. Là Aline avoua qu'elle avait retiré certains de ses commentaires, là dessus je lançai sybilline : "Ouais, raconter une semaine hot et 10 posts plus loin, décréter que personne ne vous fait jouir, c'est pas raccord. Allez Aline dis-nous que tu déconnais, sinon c'est trop glauque !!! "
Sauf qu'il était 20h et qu'Aline n'était plus devant son ordinateur mais en train de faire manger son mouflet.
Et là, JP qui reprenait le fil de la discussion sans avoir lu les messages précédents, s'indigna:
"Dis donc je te trouve dure Jeanne ! Tu as la langue bien pendue ce soir."
Ne comprenant pas qu'il imaginait que je balançais un terrible "secret" à propos d'Aline, je répondis :
"Moi je trouve que c'est Aline qui est dure avec toi, c'est pas très bon pour ta réputation un tel aveu..."
Là JP, toujours persuadé que j'étais dans l'attaque plus que dans le ton général de ce qu'avait été cette conversation, s'embrasa :
"Putain mais t'as pas de vie ou quoi pour lire 222 posts, trouve toi un mari, fais des gosses avant de baver sur Aline."
J'avoue que ma première pulsion a été de lui balancer que c'était infiniment moderne de penser que pour occuper la vie d'une femme, un mari et des enfants étaient primordiaux ou même suffisants mais j'ai fermé ma gueule. J'ai réalisé le quiproquo, m'en suis expliquée, JP s'est excusé et tout est rentré dans l'ordre. Sauf que Dingo qui passait par là a cliqué sur "j'aime" au commentaire désobligeant de JP et forcément, je l'ai vu... Et là, je n'ai pas pu résister :
Moi: "Ce qui est sur c'est qu'il y en a un ici qui n'a pas de vie et ce n'est apparemment pas toi JP !"
En l'espace de quelques minutes, je me suis pris une rafale :
Lui :" Grosse aigrie, arrête de te prendre pour la gardienne de la chatte de tes copines..."
Moi: "Tiens on se manifeste monsieur le coup du siècle !"
Lui : "Rappelle moi, on a baisé ensemble tous les deux ?"
Moi: "Ben non, c'est moi qui n'ai pas voulu !"
Lui: "Ah c'est la meilleure blague de 2011 ! Baise un coup (done) ou achète toi un gode (done), ça t'enlèvera les toiles d'araignée"
Moi: "Ne t'inquiète pas, je ne t'ai pas attendu pour ça ! Comment je pourrais en avoir envie avec toi, je ne sais même pas la gueule que tu as ?!"
Lui: "Va voir un psy (done), ou pends toi au bout d'une corde (je préférerais une mort plus douce mec!) plutôt que de pourrir tes copines... Allez salut!"
Là dessus Garance, qui avait eu un petit délai de latence a fini par supprimer le post initial, et les deux cents commentaires et des brouettes ont disparu de son mur, me laissant hagarde devant cette explosion qui laissait encore mes joues en feu de colère. Surréaliste !
Pourquoi à chaque fois que je tombais sur un dingue, ma première réflexion était de devoir trouver dans ce que j'avais fait ou dit ce qui pouvait provoquer des réactions aussi violentes ? Pourquoi ma deuxième réflexion, c'était de vouloir comprendre qu'est ce qui pouvait miner suffisamment mon interlocuteur pour être aussi insultant au lieu de me dire "Passe ton chemin Jeanne, ce type est taré et c'est lui qui a besoin d'un psy, point barre !" ? Et surtout comment les élucubrations d'un total inconnu pouvait ébranler à ce point ma sérénité au point d'en oublier totalement un diner avec des amis (alors que je l'avais confirmé dans la journée) et parce que j'avais passé plus d'une heure avec Garance pour débriefer ce qui ne méritait même pas qu'on en parle ?
Ou plutôt si, qu'on en parle mais d'un autre point de vue... Car la seule chose que Garance m'avait dite, alors que Dingo et elle avaient mis fin à leur liaison après une dispute improbable quelques semaines auparavant, c'est que nous avions tous les deux un "caractère fort" et que c'était la raison de notre discorde. Elle essayait même de trouver des excuses à son attitude et j'avoue que si sur le coup, je n'ai rien noté d'anormal, j'en ai été furieusement blessée dans les jours qui ont suivi. L'amitié qu'elle prétendait me porter ne pesait pas plus lourd que l'idée dégueulasse et insultante qu'un de ses ex amants déglingué avait de moi, flippant !
Ce fut le déclic décisif et une raison suffisante pour dans un premier temps désactiver mon compte, puis deux jours après le supprimer définitivement.
Est-ce le printemps qui semble s'installer véritablement sur Paris ces derniers temps qui fait que ma vie sociale a repris ses droits ou juste une relation de cause à effets ? Toujours est-il que depuis, j'ai retrouvé un sentiment réel de légèreté et que les soirées en tête à tête avec mon Imac relèvent de l'exceptionnel...
Je n'ai plus de nouvelles de Garance depuis une semaine, l'avenir nous dira si cette relation que je pensais ancrée dans le réel n'était qu'une illusion de plus du virtuel....