A chaque chose malheur est bon ? hmmm, faut voir... (partie 1)

Publié le par Maxine

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Récemment je me suis gratouillé le cerveau pour essayer de narrer ces derniers jours sans qu'ils aient l'air complètement déprimants ou anxiogènes, car je dois avouer qu'ayant soupé de compassion pendant plus d'une semaine, de mines déconfites accompagnées de " Oooooh ma pauvre...", de textos du genre "Si tu as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas" et de toutes formes d'empathie douloureuse, il était temps de réveiller mon potentiel humoristique au risque de ne plus voir personne dans les semaines à venir.

Il faut dire que nul n'aime être l'objet d'un apitoiement trop long. De moqueries encore moins, mais il est bon de savoir rire de soi parfois.

Samedi dernier, je commençais ma journée à 7 heures la tête encore pleine de rêves contrariés. Ma soirée d'anniversaire deux jours auparavant, mon ébriété avancée à ce pot improvisé avaient entraîné quelques fiascos notables. Dans l'ordre, déclaration d'amour à Sasha : pathétique. Mais finalement qui l'avait été le plus, moi d'aller au bout des choses lorsque j'avais mis en lumière que ce que Sasha avait dans le regard ne collait pas avec les mots qui sortaient de sa bouche, ou lui, qui sous couvert d'être trop déglingué s'empêchait de vivre ce que ses sentiments l'invitaient à faire ? Moi d'affirmer qu'on passait à côté d'un truc joli ou lui qui arguait qu'il craignait de perdre mon amitié pour toujours si on tentait quelque chose de plus engageant ? Moi qui essayais de nager à contre-courant ou lui qui se noyait dans un verre d'eau ?

 

Ensuite je ne pus m'empêcher d'envoyer un texto rageur à Gabriel qui outre le fait de ne pas s'être montré à cet "apéritif dégénérant" avait oublié de me souhaiter mon anniversaire. Je suis chiante avec ça, j'admets, et même si accumuler les années ne me ravit pas, j'aime qu'on y pense, c'est con mais c'est important pour moi. Cette année le concernant d'autant plus puisque nous semblions à l'aube d'un début de réconciliation. Ce texto ne contenait que deux mots : "Pauvre con !" expression très en vogue depuis quelques temps. Le lendemain je recevais une réponse qui ressemblait fort à des excuses sur fond de justifications du type "Même ma mère j'oublie son anniversaire...". Euh oui et alors ? J'ai failli lui dire que moi, c'était mon père qui m'avait zappée cette année, charmant ! (Et à ce jour, il ne l'a toujours pas réalisé...)

 

C'est donc plein de ces réminiscences désagréables que je descendis de mon taxi et ratai le trottoir. Je me retrouvai pareille à une reine de la nuit déchue, le sac reversé dans le caniveau (heureusement sec) dans une position qui laissait supposer un élan mystique.  Et comble de l'humiliation, le chauffeur qui n'avait pas noté ma chute démarra aussitôt découvrant au reste de l'avenue ma posture ridicule... Dieu merci, un samedi à 7heure, il n'y a pas âme qui vive dans le XVII ème arrondissement. j'étais bonne pour quelques hématomes sur les genoux et les tibias mais je me relevai dignement, heureuse que nul n'ait assisté à la scène. Premier acte...

Plus tard, alors que je me concentrais sur mon écran, j'eus soudain un sursaut de conscience sur une tache que j'avais laissée en suspend sur mon autre poste de travail. Je me levai d'un coup d'un seul sans voir que le talon de ma bottine à talon flirtait dangereusement avec les fils qui pendouillaient sous mon pupitre. En moins de temps qu'il n'en fallait pour dire ouf, je me payai une seconde vautre dont le bruit réveilla mon collègue de sa torpeur, dans le bureau d'à côté. Quand il arriva à ma hauteur il me trouva hilare, à quatre pattes, mais les larmes jaillissant malgré moi de mes yeux du fait de la violence de l'impact. Il est neuf heures et demi et je sens mon petit déjeuner remonter...

"T'es toute blanche Jeanne, ça va ? "

Je continuai à rire nerveusement sans parvenir à me relever.

"Putain, ce que j'ai mal..."gloussai-je en saisissant la main que mon collègue me tendait gentiment. Deuxième acte...

 

Je passai donc ma journée à ingérer des granules d'arnica 7ch, espérant vaguement ne garder sur les jambes qu'un pale souvenir de ces cascades Chaplinesques. Mais en rentrant, le cerveau toujours encombré de mille pensées nocives, je sentis que ma cheville droite était moins maintenue que sa copine et me baissai pour constater que les lacets de mes bottines étaient défaits. Je les remettrai à la maison pensai je, mais dans la seconde qui suivit cette stupide réflexion je marchai dessus et n'effondrai de tout mon poids sur les genoux, pour la troisième fois en moins de dix heures. Comment décrire cette sensation ? Une décharge de 1000 volts dans les rotules me propulsa à plat ventre sur le sol me faisant pousser des cris de goret qu'on égorge et tandis que je me contorsionnais dans le couloir désert du métro, un homme finit par arriver et me demanda :

"Vous vous êtes fait mal mademoiselle !"

Pour seule réponse, un interminable râle vint lui arracher les tympans. Comme il était bien élevé, l'homme qui aurait pu fuir en entendant mes hurlements de bête agonisante, m'aida à me remettre sur mes jambes et à monter l'escalier de sortie. Et là pendant plus d'une heure je fus prise de sanglots de colère, puis de désespoir, de solitude infinie. Je fus tentée d'appeler Sasha mais pour lui dire quoi :

"Tu vois Sasha,  si on était un couple, tu aurais la chance inouïe de m'accompagner aux urgences pendant que je sanglote, la morve au nez et la jambe en vrac..."

Jeanne, vends nous du rêve merde !

Garance bossait, Calie était au ciné avec son fils, Mathilde attendait le retour de ses enfants, et Gabriel (eh oui j'ai même appelé Gabriel) était au théâtre avec sa mère.

Alors j'ai appelé SOS médecins.

Après une consultation express qui ne diagnostiqua qu'un oedème sur le genou gauche, certes énorme mais sans gravité, je suppliai le docteur de me faire une piqûre dans le derrière pour soulager ma peine. Ironie du sort cette blague me coûta 69 euros. Elle n'était pas belle la vie ?

 

Et tandis que je m'enfonçais dans les limbes délicieusement chimiques provoquées par l'aiguillon du docteur,  je trouvai que tout cela n'avait finalement pas grande importance... Fin de l'acte III, rideau.

 

                                                            (Entracte...)



Publié dans Mes emmerdes.

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T
<br /> <br /> Si ça peut te remonter (un tout petit peu) le moral, un couple, ça ne garanti ab-so-lu-ment pas de devoir se dépatouiller toute seule, ni de finir aux urgences à ruminer seule dans son<br /> coin... <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Ouais je sais.... ça ne me rassure pas ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> Ne me pousse pas à faire un concours...<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Attends tu n'as pas lu la suite... je te dis que ce mois-ci au moins, je gagne ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> chapeau, tes chutes valent bien mes bobos là<br /> <br /> <br /> pour l'anniversaire, même ma mère oublie le mien, presque chaque année (je suis née le 24 décembre, alors il y a un truc plus important à la même date) . j'étais très étonnée que certains me le<br /> souhaitent cette fois : en fait, la date s'affichait sur facebook...<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Oui, mon père ne s'est pas encore inscrit sur Facebook ^^<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> <br /> Eh bah ma pauvre... 3 chutes dans la même journée, fallait rester au lit ! Mais tu ne pouvais pas savoir... J'ai quand même souris en lisant le montant de ta consultation. J'espère que tu as<br /> profité de ton dimanche pour bien te reposer ;)<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> J'espère que tu as souri plus d'une fois, retrospectivement je trouve cette journée rocambolesque...<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> <br /> Hé ben, sacré enchaînement de catastrophes...J'ai envie de dire que tu as bien fait pour Sasha, mieux vaut dire le fond des choses non?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La suite.......<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> PS: tout pareil, souhaiter mon anniversaire c'est important, et l'année dernière presque tout le monde à oublié :-/<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Oui je crois qu'être allée au bout des choses avec Sasha est raccord avec mon caractère, je préfère les remords aux regrets...<br /> <br /> <br /> <br />