Vilaine fille !
Il est temps que Sasha rentre de Barcelone... D'abord parce qu'il me manque, on s'attache à ses amants quand ils sont gentils et appliqués comme lui... ensuite parce que j'ai la libido qui commence sérieusement à me jouer des tours.
Par exemple moi, quand ça fait longtemps que mon corps n'a pas exulté (la masturbation ça va cinq minutes mais le contact humain c'est important aussi !) je compense par le sucre. Là par exemple j'ai fini le pot de confiture de lait qui me faisait des clins d'oeil dans le frigo, alors qu'en temps normal je ne lui aurais pas trouvé une once de charme ou à peine... et le prochain sur la liste c'est le pot de Nutella qui malgré sa séduction vulgaire risque de passer lui aussi dans mon estomac.
Le truc c'est que quand Eddy et Jay sont venus, je leur ai fait des crêpes et forcément il reste plein de choses délicieuses (et parfaitement dégueulasses en même temps) à tartiner ou à gloutonner à la petite cuillère, ce qui d'habitude est proscrit dans mes murs.
Le deuxième symptôme, c'est que je commence à trouver à tout le monde quelque chose de sexy. Alors ça ne prête pas à conséquence bien sûr, je ne me roule pas sur le sol de mon boulot ou du Monoprix comme Béyoncé dans le début de son clip "Crazy in love".
Je ne suis pas morte de faim au point de rappeler les mauvais coups ou mon ex amant tordu, mais ça peut entraîner de drôles de situations...
Ce soir par exemple, je prends le métro pour rejoindre Gabriel et un couple d'amis. Trois stations avant d'arriver à destination, un type au charme très clairement oriental vient s'asseoir en face de moi et dans le regard insistant que nous échangeons pendant quelques secondes il y a les soupirs, la sueur, la sève et les frissons.
C'est tellement palpable que nous sommes pris tous les deux d'un léger fou rire. Je détourne les yeux en mordant mes lèvres pour ne pas lui offrir un sourire concupiscent. Les trois stations me semblent interminables, mais le trouble est là, remontant du coccyx au sommet du crâne.
Dés que le métro quitte la station qui précède celle où je descends, je me lève, je titube un peu su mes talons -c'est terrible d'être sensible à ce point-, et attends devant la porte du wagon en le reluquant dans le reflet de la vitre. Lui, continue de me déshabiller du regard, le coquin ! Je lui jette un dernier regard lourd de signification au moment de sortir et je détale comme un chevreuil (en moins gracieux, j'imagine).
En sortant à l'air libre, je sens une présence derrière moi. C'est lui !
Debout il fait 1M65 à tout casser et me demande si nous pouvons faire connaissance mais il doit s'y reprendre à trois fois pour se faire comprendre, il parle affreusement mal le français. Il m'explique qu'il est Egyptien et qu'il s'appelle Ahmed (C'est moche Ahmed, pourquoi tu ne t'appelles pas Simbad ?)
Finalement il y a des regards qui suffisent, des moments qui se passent parfaitement de mots et là tout de suite, mon fantasme s'effrite sous mes yeux en moins de trente secondes. Pour me débarrasser de lui je lui propose mon numéro de téléphone et je fais ce qu'une gamine de 16 ans ferait dans ce cas là... je lui en donne un faux.
Après ça je détale, pour de bon cette fois avec le sentiment d'être une vilaine allumeuse...
Il faut vraiment que Sasha rentre... et vite !