La confrontation

Publié le par Maxine

 

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Je n'attendais plus de nouvelles de François, j'avoue je m'étais faite à l'idée qu'il allait s'évanouir dans la nature après nos derniers échanges. J'admets aussi que je l'avais un peu sous-estimé, mais je connais tellement d'histoires où les mecs disparaissent sans laisser d'explication que je ne m'étonne plus de rien.

 

Hier matin, j'avais laissé un ultime message sur sa boite vocale, l'invitant une fois encore à une conversation :

"Salut François, c'est Jeanne... Je pense qu'il faudrait vraiment qu'on parle. Quelque soit l'issue de cette histoire, il est vraiment important d'avoir cette discussion, de mettre tout à plat. Appelle moi s'il te plaît. Je t'embrasse... bonne journée."

 

Ce n'est qu'en fin d'après midi que j'ai reçu un texto de lui m'avertissant qu'il m'appellerait en fin de journée, puis un autre à 18h me disant qu'il serait chez lui dans la demie heure. J'ai eu le temps de me calmer en faisant la vaisselle, et en épluchant quelques légumes pour une soupe.

En suite j'ai appelé mon amie Clarisse pour éclaircir les points que je voulais aborder et surtout pour ne pas tourner en rond...

Je pressentais à 90% que les dés étaient jetés et je savais que la seule façon de me replonger dans l'aventure avec lui aurait été qu'il reconnaisse qu'il avait merdé au niveau de son mode de communication. Or quand j'ai décroché le téléphone, l'une des premières choses qu'il ait dites, c'était:

"Je suis extrêmement refroidi..." et j'ai compris qu'il ne se remettrait pas une seule seconde en question sur les derniers évènements.

J'ai répondu:

"Et bien, nous sommes deux... "

 

Il m'a d'abord dit qu'il ne confondait absolument pas sa peur d'être père avec le doute que je sois la bonne personne pour le projet, et que ce dernier aspect était le seul qui l'empêchait de sauter le pas. Il a soutenu qu'il n'avait jamais été question pour lui que nous tentions les premières inséminations avant Mars et que c'est pour cela que ma proposition de s'y mettre en Janvier lui avait collé une sorte de pression.

J'ai préféré répondre qu'il s'agissait d'un quiproquo énorme puisque pour moi, on avait toujours été d'accord sur le mois de Janvier. Mais comme finalement ce n'était pas le fond du débat, je n'ai pas voulu insister.

 

Je lui ai demandé s'il était sûr que Fred qui prétendait accepter ce projet par amour pour lui, ne freinait pas finalement des quatre fers, prenant conscience du chamboulement que l'arrivée de cet enfant provoquerait dans leur couple. François m'a assuré que lorsque Fred n'avait pas envie d'une chose, il ne tournait pas autour du pot pour l'exprimer. J'ai préféré le croire là aussi... Après tout, j'avais toujours apprécié Fred même si ces derniers temps je le sentais de plus en plus en retrait...

 

Je lui ai alors rappelé que je ne lui avais jamais demandé grand chose depuis que nous nous connaissions à part de communiquer verbalement sur les choses essentielles et il est reparti sur une longue diatribe sur la défense de l'expression écrite. Un moment il m'a dit, qu'il n'avait pas apprécié "la grande leçon" que je lui avais faite par mail sur les avantages de l'oral sur l'écrit. J'ai simplement répondu :

"C'est bien la preuve encore une fois que l'écrit a ses limites, je ne te donnais pas une leçon, je défendais mon point de vue... "

"Oui mais moi quand je parle avec quelqu'un, mes pensées continuent d'évoluer pendant la période où je ne vois pas la personne et j'ai besoin pour garder le fil de les coucher par écrit..."

"Ok, mais le temps que tu mettais à écrire ces mails que tu m'envoyais, tu pouvais le prendre pour décrocher le téléphone et prendre 15 minutes pour me parler, non ?  Avoir une réaction dans l'instantané... A moins, bien sûr que tu écrives sans te relire et que tu envoies tes messages tels quels..."

"Non pas du tout, je les corrige, je cherche les bons mots, je me relis mais j'ai besoin d'écrire pour éclaircir mon propos..."

"Mais si tu as besoin de le faire, fais-le pour garder le fil comme tu dis, mais ne les envoie pas, ainsi tu auras éclairci tes idées et tu auras plus de facilité à les exprimer à l'oral quand tu vois ou que tu parles aux gens..."

"Mais tu te rends compte que tu es la seule autour de moi à avoir ce problème avec l'écrit ?"

"Mais non ! Je veux bien croire qu'on a des amis qui nous ressemblent, mais les miens ont tous trouvé que ton premier mail était hyper blessant. Les mots sur un écran, c'est comme une sentence ! Ce que tu as écrit est vrai mais c'est l'interprétation qu'on en fait qui est douloureuse."

" Mais c'est ton problème, moi j'assume mes failles et mes casseroles.."

" Mais moi aussi, c'est ta façon de mettre le doigt dessus qui est inacceptable, ça ressemble à un listing... Même en partant du principe que c'est moi qui, à cause d'expériences malheureuses avec la communication virtuelle, n'est pas apte à comprendre tes mots, tu aurais pu faire preuve d'un peu d'empathie... Comme vous l'avez noté avec Fred, je marche à l'affectif, à partir du moment où tu me considérais comme la future mère de ton enfant, tu ne pouvais pas faire cet effort ?  Tu m'as demandé une fois de te laisser respirer de ne pas précipiter les choses, et malgré mon enthousiasme et ma nature passionnée, j'ai respecté ton souhait. Parce que oui, je suis dans l'affect et quand j'aime les gens, je me mets à leur place. Mais toi tu ne veux pas plier, juste parce que c'est comme ça que tu communiques, point final. Il faut croire que de ton côté il n'y avait pas assez d'affection pour ça."

"Je ne sais pas..."

" Qu'est ce que tu ferais François si tu étais hostile à un aspect de mon éducation de notre enfant , tu m'écrirais un mail ?"

" Mais non, voyons..."

"Mais si, puisqu'il n'y a pas pour toi de différence entre l'oral et l'écrit !"

" Peut être que je te poserais une question à ce sujet par mail, en effet..."

"Tu vois ! C'est juste pas possible... Je ne peux pas communiquer comme ça dans un projet aussi important. Ça fait peut être partie de mes failles, mais j'assume..."

 

Il m'a dit qu'il ne voulait pas avoir de rapports conflictuels avec la mère de son futur enfant et que lorsque j'avais écrit "putain..." au début de mon sms écrit à minuit jeudi dernier, il avait été ébranlé.

Je lui ai répondu que c'était une mauvaise habitude de langage que j'avais mais qu'il fallait le prendre comme un signe de dépit et de frustration plus que de colère. Là dessus il a ajouté qu'il refusait d'être dans l'affrontement, et qu'il ne s'engueulait JAMAIS avec Fred. Personnellement j'ai toujours trouvé que les couples qui ne se disputent jamais ontquelque chose de douteux, quelque chose de factice et d'éteint. Je ne prétends pas qu'on doive se pourrir la gueule à longueur de temps, mais il y a forcément des sujets de désaccord dans un couple.

J'ai cependant fait amende honorable, j'ai dit que je comprenais qu'il ne supporte pas la vulgarité de mon "putain" mais qu'encore une fois l'incompatibilité de nos modes d'expression en était la cause. 

Cela dit ma grand mère qui était un summum de grossièreté m'avait enseigné qu'il ne fallait pas confondre grossièreté et vulgarité, tout était dans la façon de dire et le ton, ici il s'agissait d'un texto...

 

Il m'a reparlé de ma relation compliquée avec ma mère. J'ai répondu :

" Tu sais François, je ne connais pas beaucoup de gens qui ont une relation à 100% sereine avec leurs parents, si c'est ton cas tant mieux. Est ce que ça fait de moi un monstre incapable d'élever un enfant ? Je ne pense pas. J'ai toujours voulu être transparente avec vous, parce que c'était primordial pour notre projet... Quand je vous ai vus ce fameux dimanche, j'étais super affectée par les trois jours que j'avais passés avec ma mère, j'ai eu besoin de m'épancher..."

"Je suis d'accord, mais tu m'as quand même dit que tu avais mis tes mains autour de son cou..."

" Mais j'avais 14 ans François, j'étais en pleine montée d'hormones, à un âge où on se sent incompris et frustré de ne pouvoir faire ce qui nous tient à coeur, où nos parents sont nos pires ennemis..."

"Mais je ne te connais pas Jeanne..."

"Et je ne crois pas que tu me connaîtrais beaucoup plus dans trois mois... Ce projet est insensé à la base, et si j'étais une mythomane manipulatrice tu ne t'en rendrais probablement pas compte avant plusieurs années.

Écoute, je n'essaie pas de te convaincre que je suis la bonne personne, je te le répète, notre façon de communiquer est trop différente et je pense qu'il faut qu'on arrête là, en bonne intelligence. Mais si tu m'avais demandé verbalement un peu de temps, j'aurais très certainement accepté, parce que c'est humain d'être dans le doute pour un projet pareil."

"Ça aurait été exactement la même chose..."

"Non François, crois moi. Je ne t'ai jamais menti, j'ai toujours été limpide, pourquoi te raconterais-je des cracks maintenant, alors que je n'ai plus rien à perdre ?"

"Moi je pense que c'est aussi une affaire de temps... Moi j'ai le temps, je veux prendre mon temps et toi tu as quarante ans et tu es une femme, alors il y a forcément un sentiment d'urgence que je n'ai pas..."

Touchée !

"Là dessus, je ne te contrarierai pas... Il y a cela aussi. J'ai surtout concience que même si on s'y était mis en Janvier, ça aurait pris des mois avant de marcher..."

" Je veux être sûr de la femme que je choisis pour porter mon enfant, je prendrai le temps qu'il faudra."

" Tu ne seras jamais sûr François... Maintenant je n'ai pas de vrais ressentiments à ton égard et je te souhaite bonne chance et bon courage pour ta quête. J'espère que tu trouveras une femme qui communiquera de la même façon que toi. Je t'embrasse. Embrasse Fred pour moi. "

 

Quand j'ai raccroché, j'étais enfin soulagée. Soulagée d'avoir vidé mon sac sans violence, d'avoir fermé la porte doucement mais complètement. Une petite frustration a quand même pointé son nez quelques minutes après, et j'ai écrit ce mail à François, le dernier...

 

Je voulais juste ajouter une dernière chose François, un conseil amical... Si tu as besoin de temps pour connaître parfaitement la mère de ton enfant, essaie de solliciter des femmes de moins de 35 ans. C'est vrai qu'à 40 ans, forcément, ça urge un peu plus...

Je t'embrasse et te souhaite bonne route.

 

Jeanne

 

J'ignore de quoi la suite de mon aventure sera faite, ce que je sais c'est que je n'ai aucun regrets. La seule chose dont j'ai besoin à présent c'est de temps pour faire le bilan. Je prends tout cela comme un signe, ça ne devait pas se faire avec lui, pas là, pas encore...

 

"It's always the darkest before the dawn" / "Il y a toujours l'instant le plus sombre avant l'aurore" ( Churchill )



Publié dans aventure maternelle

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F
<br /> <br /> Yep !<br /> <br /> <br /> C'est vrai que j'en sais plus sur toi que l'inverse. C'est l'apanage du journal intime public, mais c'est pas très fair-play non plus.<br /> <br /> <br /> J'ai 23 ans, je suis éduc, frustrée sexuelle tenace mais pas éternelle, orgueilleuse, sentimentale, blasée, en pleine période de lutte pour rester/devenir moi-même, un peu bi, un peu asex, un peu<br /> hétéro, rêveuse ascendant déchanteuse.<br /> <br /> <br /> Je déteste le lait, les baignoires et les douches des autres / utilisées par les autres, la soupe, le sang.<br /> <br /> <br /> J'adore la plupart des trucs qui ne sont pas dans les catégories sus-citées.<br /> <br /> <br /> Pis j'm'appelle vraiment Flavia.<br /> <br /> <br /> KISS ^^<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Contente de te connaitre (un peu) Flavia ! Tu sais quoi ? Quand on se cherche comme tu te cherches, normal que l'envie d'enfant ne soit pas là puisque tu dois déjà accoucher de toi même. Même si<br /> c'est une periode où bcp de choses se dessine et que c'est terriblement éprouvant, c'est aussi passionnant, ça bouge tout le temps.<br /> <br /> <br /> Tu vois le voyage toute seule, je ne l'aurais jamais envisagé avant maintenant, c'est un challenge pour moi, une veritable mise à l'épreuve, je pète de trouille aussi. Mais je sais que j'en<br /> reviendrai grandie, parce que tant qu'on bouge, qu'on relève des défits et qu'on ne se contente pas de son petit confort, on continue de grandir. Avoir un enfant, c'est aussi une sacrée aventure<br /> que je redoute de manquer pour les même raisons.<br /> <br /> <br /> Rêveuse ascendant déchanteuse, c'est joli et ça me ressemble aussi. A bientôt ? J'espère en tout cas.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> merci en plus j'ai carrément oublier un mot <br /> <br /> <br /> l'espoir est comme un ciel étoile il n'y a pas coin si sombre où l'oeil qui s'obstine ne finisse par découvrir une étoile<br /> <br /> <br /> voilà là c'est mieux et c'est d'Octave feuillet<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> T'es belle quand même ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> bon courage pour la suite<br /> <br /> <br /> l'espoir est comme un ciel étoilé il n'y a pas coin si sombre où qui s'obstinne ne finisse par trouver une étoile<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci... Tu sais que tu es belle quand tu poétises ?<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Prends un chat, c'est plus intelligent qu'un chiard et ça ne te demandera pas de scooter.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tu te tailles toute seule ? pouah, je serais pas capable de le faire. Trop troutrouille, la Flavia. Tu n'as pas peur ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est clair que ça serait super intéressant que tu parles de comment tu vois une parentalité avec un couple.<br /> <br /> <br /> Moi en tout cas ça m'intéresserait, mais en même temps tu écris ce que tu veux, en général c'est cool ;).<br /> <br /> <br /> Pour ma part je ne peux pas concevoir la mise au monde d'un môme. C'est très mignon mais chez les autres !<br /> <br /> <br /> Ca me paraît être une souffrance, un handicap, se tirer une balle dans le pied quoi.<br /> <br /> <br /> Ca fait quoi, ce désir émergent d'être mère comme tu as pu le vivre à un moment ? t'as pas l'impression de te "trahir" en "virant de bord" ?<br /> <br /> <br /> Kiss :)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Je ne sais rien de toi Flavia, même pas ton age... J'ai pensé très longtemps comme toi, et parfois il me reste des miettes de mon passé de "absolutly no child", mais il y a un truc qui a changé<br /> en moi, j'en ai marre de ne m'occuper que de ma gueule... Je me trouve lassante parfois, nombriliste aussi, je ne veux pas vieillir dans ce sentiment. Mais il y a plein d'autres choses, que je<br /> décante actuellement. Ne sois pas trop pressée de lire mon article, il viendra, mais pas tout de suite... Je n'ai pas envie de parler de cela pour l'instant, j'ai besoin de légèreté. Je<br /> t'embrasse.<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> La page est tournee, mais pas le livre. Ton voyage va te faire le plus grand bien, le de paysement des cultures il n'y a rien de tel pour prendre un nouvel envol.<br /> <br /> <br /> Ressources toi, evades toi et reviens nous vite avec une energie salvatrice et qui sait peut-etre de nouveaux projets!<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Ouais, je vais ramener un bébé birman dans mes bagages... Ou prendre un chat finalement ;-)<br /> <br /> <br /> Plus serieusement j'ai besoin de prendre du recul pdt quelques semaines (mois) et je suis plutot positive....<br /> <br /> <br /> Bonne journée ma Jugre !<br /> <br /> <br /> <br />