Tragédie grecque 2/2

Publié le par Maxine

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Cela faisait quinze jours que j'avais arrêté de fumer pour la énième fois et Yann seulement cinq... devant le spectacle de son air accablé, je lançai:

"Bon il fait un temps de merde soit, c'est un peu LA journée horrible par excellence, alors tu sais quoi ? On va aller au village et on va s'empiffrer de gâteaux et s'acheter un paquet de clops, qu'est-ce que tu en dis ?"

Yann éclata de rire et nous primes la voiture.

Sur une terrasse abritée où nous grelottions de froid, nous avons bu deux ou trois cafés en mangeant des choux et la crème entrecoupés de bouffées de nicotine. Nous avons parlé longtemps de sa relation avec Fabien, de la façon dont ce dernier avait pour habitude les coups de théâtre et les chantages puérils. Quitte à mettre les pieds dans le plat, j'ai dit à Yann qu'en dépit de sa souffrance, Fabien aurait pu attendre quelques heures de plus pour prendre le train avec lui à 16h comme prévu et que je trouvais inacceptable sa façon de plonger tout le monde dans l'embarras. Là dessus, Yann répondit :

"Mais il est malheureux..."

"J'entends, mais toi tu n'écoutes même plus ta propre souffrance... tu ne vois que la sienne. Tu n'es pas malheureux toi ?"

"Si, mais moi ça va..."

"Moi, ça ne va pas Yann. Et même si Fabien change d'avis, s'apaise et se montre à nouveau favorable à notre projet, je n'ai plus vraiment confiance en lui. Comment je peux savoir s'il sera fiable avec notre enfant ton mec ?"

"Le pire c'est que je pense qu'il serait le plus heureux des hommes... Merde ça me fait chier. J'ai pas envie de te perdre Jeanne, je me suis attaché à toi, quelque soit l'issue, je ne veux pas qu'on cesse de se voir."

"Moi non plus... Il faudra juste me laisser le temps pour faire le deuil si ça tombe à l'eau, pour te revoir sereinement, j'espère que tu comprends."

Nous avons parlé de plein d'autre choses, parce qu'avec Yann ce qui est bien c'est que nous ne sommes jamais à court de sujets de conversation.

 

Nous l'avons accompagné à la gare avec Ella, mon train à moi partait à 7h le lendemain.

"Tu sais Jeanne, peu importe ce qu'il s'est passé avec Fabien ce week-end, Marcel et moi on a été ravis de t'accueillir ici. Tu es pleine de vie et de gaieté et c'était vraiment très agréable de t'avoir !" me confia Ella quand nous regagnâmes la voiture. Sur ces mots qui m'avaient un peu réchauffée, nous avons fait le tour du lac en voiture. J'appris que ce n'était pas la première fois que Fabien partait de cette façon, qu'il avait déjà fait des crises de jalousie monstrueuses à Yann. Ella était assez en colère quand elle parlait de lui, elle le traitait de capricieux, disait qu'il se plaignait sans cesse que Yann n'était jamais assez disponible pour lui, alors que ce dernier était toujours là pour l'aider dans ces demarches administratives en dépit de son travail.

"Ils sont tellement différents, j'avoue que c'est un grand mystère pour moi !" osai-je

"Ne m'en parle pas, je n'ai jamais compris..." me répondit elle.

Bien sûr j'evitai soigneusement de parler de notre projet de bébé avec elle, ce n'était pas mon rôle.

 

De retour à Paris, Yann m'appela tous les jours pour me donner des nouvelles du front. Fabien lui "confisqua" son alliance le 1er jour, lui parla de déménagement le deuxième, lui rendit son alliance le troisième et s'adressa à lui autrement que par sms le quatrième. Le cinquième ils partirent en week-end à Rome comme c'était prévu avant le drame. Yann voyait en cela l'annonciation d'un mieux, je voyais pour ma part le schéma d'emprise dans lequel Yann se perdait. A dire vrai, ce n'était plus la peur de perdre le père potentiel de mon enfant qui me tourmentait mais plutôt de constater à quel point Yann s'oubliait au profit d'un mec qui s'avérait être mal dans sa peau, mesquin et manipulateur. Bien sûr on pouvait mettre ça sur le compte d'une période de crise où le fait de ne pas avoir de travail depuis près d'un an pouvait faire basculer n'importe quelle personne un tant soit peu équilibrée, mais je commençais à douter que cette situation soit exceptionnelle.

 

Alors je me suis mise en mode "retrait". Quelques temps après je dinai avec Yann en tête à tête. Il m'apprit que Fabien reparlait du bébé en termes positifs, mais une part de moi s'interdisait de se réjouir. Pour moi, Yann était et serait la rencontre de la dernière chance, mais en aucun cas je ne me forcerais si je sentais un truc foireux dans l'équation.

"Écoute Yann, on va faire ce qu'on a dit qu'on ferait... les tests, les examens, tout ce qu'il faut pour avoir le feu vert. Mais tant que je ne sentirai pas une véritable avancée dans votre problématique de couple, on ne fera rien de plus. On sait tous les deux que le problème n'est pas entre nous. Je pense qu'il faudrait peut être que vous consultiez quelqu'un pour arbitrer sur ce qui bloque vraiment. Pour ma part je suis en mode "veille"... ce sera avec toi ou avec personne, donc je ne suis pas dans l'urgence d'une réponse. Voilà, tu as les cartes en mains, je ne peux rien dire d'autre..."

 

J'aimerais pouvoir dire aujourd'hui que les choses avancent, mais si c'est le cas, c'est trop infime pour que je le note. Mon esprit est ailleurs en ce moment je l'avoue, ou refuse de faire face, c'est peut-être ma façon à moi de rester debout. Je dévore la vie comme une condamnée à mort, je ne souffre pas de la situation, je vis juste autre chose... en attendant.



Publié dans aventure maternelle

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Commenter cet article
D
<br /> <br /> j'attends que tu daignes donner des nouvelles depuis des mois, déjà que tu as disparu de Facebook, ca suffit maintenant ces cachotteries! :o)<br /> A ta place je serai plus que méfiante, je serai impartiale, même si Yann semble équilibré et à sa place dans ce projet, s'il doit rester avec Fabien qui virevolte<br /> dans ses excès alors l'enfant en subira nécessairement les conséquences.<br /> Je crois qu'au fond, je ne comprends pas que tu ne fasses pas ce bébé seule, pourquoi absolument un projet de co parentalité? Je sais, tu as du l'expliquer plusieurs<br /> fois avant que je ne découvre ton blog mais je n'envisage pas de tout remonter dans les détails, j'avoue..<br /> En tous les cas, j'ai hâte d'en savoir plus sur ta vie privée à toi! ^^<br /> Je t'embrasse, ne disparais pas aussi longtemps!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Tu as raison, Deli fouette moi... En effet j'ai mes raisons pour ne pas faire un enfant seule, je veux vraiment un papa aimant et concerné pour lui. Tu en sauras bientôt plus sur la partie<br /> privée. Je t'embrasse (hey je continue à te lire, suis abonnée d'abord...)<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Erff.. suspens. J'attends la suite avec impatience. J'espère qu'ils iront voir quelqu'un. Au moins Fabien. Votreprojet réveille des choses bizarres chez lui, il faudrait comprendre pourquoi<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> J'espère aussi...<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> <br /> hmmm sur que si Fabien joue les divas lorsque Yann aura effectivement un bebe, le chantage affectif sera multiplie par 10 et Yann y sera encore plus sensible... puisqu'il y aura vraiment a<br /> choisir si vraiment la conciliation est rejetee par l'un des principaux interesses !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Tu as bien compris que c'est ce qui me fait peur... Déjà que je suis encolère pour le mal qu'il fait à Yann (ou que Yann préfère subir), si le bébé subit ça je ne réponds plus de rien.<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Content de te lire. Bien entendu, ce qui a attiré mon attention, aussi, c'est la dernière phrase, celle ou tu dis "vivre autre chose, en attendant" :)<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Ca vient, ça vient !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> Il ressort tant de complicite et d'amitie dans votre relation que j'espere pour toi une evolution favorable, peut etre faudrait il parler en tete a tete avec Fabien pour le cerner un peu plus,<br /> son cote puerile et capricieux n'est surement qu'une facade visant a cacher un profond mal-etre, qui sait un jalousie vis a vis de toi. Avancer, faire les test pour que tout soit OK le moment<br /> decide le fera peut etre prendre conscience de ses desirs a lui aussi dans la paternite. Combien de peres ne le deviennent vraiment qu'a la naissance de l'enfant!!<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Le truc c'est que pour moi, il ne sera que le beau père, un référent certes, mais qui n'aura jamais le dernier mot. S'il veut un enfant, il faudra qu'il trouve une mère et ce ne sera certainement<br /> pas moi. Tu dois me trouver bien dure mais je perds patience face à tant de bétise (la sienne evidemment...)<br /> <br /> <br /> <br />