Douche froide

Publié le par Maxine

 

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Le week-end touchait à sa fin, morose, gris, froid. Je traînassais insouciante devant quelques séries américaines comme on feuillette un magazine dans une salle d'attente, quand au détour d'une minute dominicale, et comme si le mois de Novembre n'avait pas été assez dur comme ça, je découvrais ceci dans ma boite mail...

 

Bonjour,
la semaine est passée encore super vite et je n'ai pas eu le temps de te passer un coup de fil mais j'ai besoin de te parler. J'ai bien compris que tu préfères la parole aux écrits mais malheureusement cette semaine qui vient ne va pas être plus calme .
 j'ai beaucoup pensé à notre conversation de dimanche dernier, j'ai parlé avec Fred, Fred s'est exprimé également, chose rare...j'en ai parlé autour de moi et les réactions ont été les mêmes. Tout le monde est surpris par la rapidité des choses et ça m'a troublé.
Tous m'ont regardé me disant, comment en à peine trois mois, quelques rencontres nous pouvions déjà prendre la décision de tenter la chose dès janvier.
Je crois qu'ils ont raison car moi j'ai besoin de plus de temps. J'ai plaisir à te voir et la relation est de plus en plus simple.Mais je me sens pressé et poussé par toi et ce sentiment d'impatience.
 
j'ai besoin d'éclaircir des choses de ta personnalité et de ton caractère. Je sens parfois en toi un léger stress, je ne te trouve pas toujours très zen, comme s'il y avait une forme de colère en toi,comme si tu n'était pas heureuse avec toi-même et ta relation avec ta mère me trouble beaucoup.
 
Je suis dans ce ressenti depuis 8 jours et je devais vraiment te l'exprimer. 
 

François.

 

Cette sensation de souffle coupé qui s'est emparée de moi ! Ce sentiment d'injustice en lisant les accusations qui m'étaient faites ! Et surtout la froideur des mots sur fond blanc sans même une formule de gentillesse pour clôturer la missive ! Je me suis effondrée, disloquée, effritée, réduite en petits morceaux de rien. Je tremblais de rage et de chagrin, les larmes me brûlaient les yeux et les joues, je me sentais tellement prise au dépourvu que j'en étais pétrifiée. Après que les battements de mon coeur aient repris, j'ai finalement appelé ma soeur à New-York.

 

Nina a beau avoir dix ans de moins que moi, elle sait les mots qui me calment, qui me font relativiser, elle sait être honnête sans être dure, elle sait me faire prendre conscience de choses qui m'échappent. Ça faisait deux mois que nous ne nous étions pas parlé, en d'autres circonstances je l'aurais certainement massacrée mais là j'étais tellement soulagée qu'elle soit là au bon moment que je n'ai pu m'exclamer qu'un "Dieu soit loué ! " quand j'ai vu sa petite bouille dans mon écran d'ordinateur.

Nous avons parlé longtemps, elle m'a dit qu'il ne fallait pas que je me laisse emporter, et surtout que je  prenne les choses trop personnellement. Elle a vu comme moi qu'il y avait probablement de la part de Franck un sentiment de panique et elle a admis que c'était assez lâche de me mettre ça sur le dos et encore plus de m'en informer par mail. J'ai reconnu pour ma part que ce qu'il disait de moi n'était pas foncièrement faux, mais que c'est ce qui était sous-jacent qui me blessait profondément.

Est-ce que le fait de n'être pas parfaitement zen, pas complètement heureuse en ce moment, et d'avoir une relation conflictuelle avec ma mère faisait de moi une mauvaise candidate à la maternité ? Ne sommes-nous pas tous porteurs de bagages plus ou moins lourds ? Pensait-il être lui-même parfait pour s'autoriser à mettre le doigt sur mes faiblesses ?

 

Jamais je n'avais mis la pression pour que nous lancions les "réjouissances" au mois de Janvier, on en avait parlé ensemble et il m'avait répondu qu'il était "archi-prêt". Ce que François appelait de l'impatience, c'était de la hâte... J'avais hâte de m'y mettre oui, parce que j'avais conscience que ça risquait de ne pas marcher du premier coup, que le procédé demandait également certaines manipulations auxquelles nous n'étions habitués, ni lui ni moi.

Lui qui passait son temps à dire que seuls l'avis de Fred et le sien importaient dans les décisions concernant ce projet, s'appuyait sur l'avis de ses proches, que je ne connaissais même pas, pour justifier de la nécessité d'attendre. Il n'assumait même pas cela.

 

Écoutant la voix de la raison, celle de Nina donc, j'envoyai un bref mail à François lui signifiant que j'avais pris connaissance de son message, qu'au risque de me répéter je détestais communiquer par le biais de ce média pour les choses importantes et que j'attendrais qu'il trouve un moment pour en discuter avec lui.

Outre le fait d'être sage, ça me laissait un peu de temps pour mettre les choses à plat.

 

Après j'ai rejoint Sasha qui avait insisté pour que je ne passe pas la soirée seule en dépit de mon état lamentable. Je ne l'ai d'ailleurs pas regretté, il a été d'une prévenance, d'une tendresse et d'une gentillesse dignes du meilleur des amis. Si je ne l'avais pas finalement sollicité, je pense que j'aurais même pu m'endormir contre lui sans même avoir abusé de son grand corps rassurant. Mais ça aussi j'en avais besoin, juste pour me sentir vivante.

 

Le lendemain, je me suis réveillée nouée et encore plus triste que la veille dans l'appartement vide de Sasha qui était parti travailler à l'aube. J'ai trompé le chagrin en déjeunant avec Mathilde, puis en dinant avec Garance mais dés que je me retrouvais seule avec moi même, mon incontinence lacrymale ne me laissait pas de répit. J'avais beau me raisonner, me convaincre que le contenu de ce mail n'était pas définitif, qu'il invitait simplement à prendre un peu plus de temps, il avait mis le doute dans mon esprit sur la façon de communiquer de François.

Qu'allait-il en être s'il n'était pas d'accord sur ma façon d'éduquer notre enfant, allait-il m'en faire part en m'écrivant un texto le dimanche soir à 17h ?

Finalement en me faisant part de ses inquiétudes, il avait révélé les miennes.

 

Un autre sentiment me taraudait, la quasi certitude que si je n'allais pas au bout du projet avec François et Fred, je ne repartirais pas à la chasse au père potentiel, en tout cas pas de cette façon. Or à ce moment précis, je me rendais compte que j'allais avoir beaucoup de mal à dépasser l'inconséquence de l'attitude de François...

 

Il aurait été tellement simple qu'il m'appelle pour me dire qu'il réalisait l'importance de notre projet, qu'il était quelque peu paniqué et qu'il pensait que la seule façon de se rassurer était de passer un peu plus de temps avec moi. Après tout j'en connais des centaines d'histoires de mecs qui, face à l'imminence de la paternité, sont sous l'emprise de petites et de grandes angoisses.

Un homo est un homme comme un autre, j'avais failli l'oublier...

 

Ce soir et deux jours après ces quelques mots empoisonnés, je suis un peu plus calme,  dans l'absolu je suis bien sûr d'accord pour nous donner un peu plus de temps, même si je crois que ce n'est pas deux ou trois mois qui vont changer quelque chose dans la vision que nous avons l'un de l'autre. Reste à savoir si je serai capable de passer au dessus de la douche écossaise qu'on vient de m'administrer....


 


Publié dans aventure maternelle

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A
<br /> <br /> merde font chier ces hommes avec leur "un coup oui , un coup non" arghh !! tous les mêmes , as t'il compris quand même  l'enjeu ou pas non parce qu'il faut lui crier dans les oreilles "et ho<br /> mon bonhomme, tu veux avoir un enfant ou pas ", y a pas d'hésitation c'est oui ou non, et "c'est toi qui décide pas les pseudos amis qui juste par jalousie ou incompréhension te mettent des<br /> points d'interrogation dans le crâne", et puis je trouve pas çà pas  honnête moi de te planter là  et par mail en plus c'est déguelasse, je suis en colère devant tant de lâcheté,<br /> finalement est il le bon père ? allez ma petite maxine c'est quand on cherche plus qu'on finit par trouver.Il est des moments où il faudrait oublier les vieux espoirs et s'en créer des<br /> nouveaux.....<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Attends, attends, tu vas voir qu'au niveau lacheté et déni, le meilleir est à venir.... Laisse moi terminer mon article et n'oublie pas de me rendre aujourd'hui, il y a de quoi halluciner...<br /> Bisous mon petit pois magique.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Je trouve que cet email est providentiel, un signe presque divin !<br /> <br /> <br /> Toute chance de faire un enfant avec quelqu’un qui n’accepte pas les autres, ni leur relief, ni leurs aspérités (la vie en résumé) s’est envolée<br /> et c’est tant mieux !<br /> <br /> <br /> Cet homme est incapable de comprendre pour l’instant un petit être, ses cris, ses couches pleines, ses joies et surtout ses peines parce qu’il y<br /> en tant incompréhensibles et désemparantes!<br /> <br /> <br /> Finalement, il aurait pu avoir l’honnêteté de te dire : je ne suis pas prêt et tu n’y es absolument pour rien !<br /> <br /> <br /> Cette histoire ne mérite que de la déception, rien d’autre !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Eh bien ma chérie, tu n'y vas pas par quatre chemins....  En même temps je comprends ton point de vue, il y a une petite voix qui me souffle ça depuis quelques jours et je crois que c'est ça<br /> qui me fait le plus mal, m'être trompée....<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> <br /> Je n'ai pas pris le temps de lire les comms' précédents, mais je trouve que ce qu'il te reproche n'a pas lieu d'être. On n'est jamais 100% zen, 100% prêt et on a le passé que l'on a. Ce n'est pas<br /> pour autant qu'on ne peut envisager la maternité (sinon pas grand monde ne deviendrait parents). Je note que ce n'est pas la première fois qu'ils ont un comportement étrange à ton égard. Un<br /> projet ensemble c'est beau. Un projet où l'une des parties décide seule dans son coin sans discuter me laisse perplexe. J'espère que ça va s'arranger. Douces pensées.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Tu notes bien... François savait parfaitement que je ne supporte pas les mails pour aborder les choses importantes... pas sur que cette fois j'arrive à passer au dessus. Plus j'y pense plus je<br /> suis en colère, une colère apaisée mais présente quand même. A suivre.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Je comprend que tu te sentes mal. Mais as tu pu parler avec lui de visu du coup? J'espère que tout va s'arranger c'est pas évident. Et ça ne pourra se faire qu'en face. Je pense qu'il aurait<br /> jamais du te le dire par mail.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Non pas de confrontation pour l'instant. La balle est dans son camp, quand il aura un moment, il appellera. Je ne suis pas sure que ça s'arrange je suis très déçue par son comportement. Pas le<br /> fond du message, la forme.... On y revient toujours. Bonne soirée.<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> <br /> pas très douée pour les comm, je préfère t'envoyer des petits bisous tout doux à consommer quand bon te plaira... (en fait j'ai une besace à bisous et parfois je les garde pour plus tard... peut<br /> être que toi aussi..) .... et si j'avais de très très grands bras je les jetterai à ton cou par delà les kilomètres.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Tu sais que je t'aime toi ? (oui tu sais...)<br /> <br /> <br /> <br />